« Avant d’aider les migrants, vous feriez mieux de vous occuper des Français qui en ont besoin. »
Argument récurrent… dès que vous parlez de votre engagement envers les migrants !
Si ceux qui l’utilisent fréquentaient un peu plus les associations humanitaires, ils auraient constaté qu’on y retrouve généralement les mêmes personnes que dans les assos d’aide aux migrants. Je n’ai jamais entendu quelqu’un dire qu’il voulait aider les migrants mais pas les Français. Il est fréquent également de mettre en balance le nombre de migrants et le nombre de SDF… en oubliant de préciser qu’il y a un grand nombre d’étrangers parmi les SDF. Les associations qui les aident ne font pas de différence : une personne à la rue est une personne à la rue, qu’elle soit Française, Basque, Bretonne, Italienne, Roumaine, Kurde, Afghane ou Syrienne.
Par ailleurs, faites la recherche par vous-même sur les sites d’extrême-droite, vous ne trouverez paradoxalement pas d’appels aux dons ou de soutien aux assos comme le 115 du particulier, ou la croix-rouge, ou la banque alimentaire, etc.
La diffusion de fausses infos
Les sites d’extrême-droite n’hésitent pas à diffuser de fausses informations afin de manipuler l’opinion de leurs lecteurs. Un exemple avec l’image ci-dessous, qui vient du site « TV libertés », un des nombreux sites qui se présentent comme un site de « re-information », mais qui n’hésitent pas à mentir ou à trafiquer les informations.
Cette image, qui a beaucoup circulé sur les sites d’extrême-droite, insinue que chaque migrant touche 1058 euros par mois, ce qui est évidement faux. Seuls les demandeurs d’asile, donc ceux qui ont enclenché une procédure officielle, peuvent bénéficier d’une allocation, et ils sont minoritaires (4% des personnes personnes présentes à Calais).
Ceux qui sont en France en attendant de pouvoir passer dans un autre pays, n’ont droit à rien.
Les demandeurs d’asile, qui sont donc en situation régulière, ne touchent évidemment pas 1000 euros/mois.
Le premier chiffre de l’image correspond au montant de l’allocation que touche un demandeur d’asile seul, s’il ne bénéficie pas d’un hébergement.
Le second chiffre correspond à ce que touche une famille de 5 personnes qui ne bénéficie pas d’un hébergement.
Ces 2 montants viennent bien du Ministère de l’Intérieur, mais concernent 2 situations différentes et ne se cumulent pas. Qui-plus-est, depuis novembre 2015, les montants ont été revus à la baisse.
Les vrais chiffres des aides financières
Un demandeur d’asile seul touche 204 euros/mois. Un couple avec 2 enfants touche 612 euros/mois.
Ils ne peuvent bénéficier d’aucune autre aide, ni RSA, ni allocation logement, etc. Cette aide n’est pas versée sur un compte en banque, ils ne peuvent pas en avoir un, mais sur un livret A ou sous forme de carte de retrait. Le montant du RSA, que touchent les personnes défavorisées de nationalité française, est à peu près 2 fois supérieur.
Le site Metronews avait déjà révélé le mensonge, ce qui n’a pas empêché certains sites de surenchérir dans le mensonge, en disant que les migrants pouvaient cumuler RSA, allocation logement, et allocation de demande d’asile, ce qui est totalement faux. Il suffit de se renseigner auprès de la CAF pour le vérifier.
Seuls ceux qui ont obtenu l’asile, ou une protection subsidiaire, entrent dans le droit commun et peuvent bénéficier des mêmes aides que n’importe quel citoyen français. Et ce, après une très longue procédure, très restrictive.
Pendant la durée de la procédure de demande d’asile, ils ont en théorie droit à un logement et à un accompagnement en « CADA », Centre d’Accueil pour Demandeur d’Asile. Mais dans la réalité seul 40% d’entre eux en bénéficient, faute de places disponibles. Les logements en CADA peuvent être des logements collectifs, des studios ou des appartements dans des immeubles. Les logements sont généralement rudimentaires. Dans 60% des cas, le demandeur n’obtient pas de logement en CADA. Il est alors parfois hébergé chez des compatriotes, ou se retrouve à la rue et enchaîne les hébergements d’urgence.
Il y a 11 CADA en Bretagne, qui représentent un peu plus de 1000 places. Il y a en tout 6600 places en hébergement social. Ce qui représente 15% du nombre total des places d’hébergement social disponibles.
Autre exemple plus récent de manipulation de la part de l’extrême-droite, cet article diffusé entre autre par Bernard Monot, député européen, qui se présente comme étant « stratégiste économique » pour le Front National :
La mention « en fonction de la taille de la famille » a été rajoutée dans un second temps. Suite à plusieurs articles dénonçant les approximations des affirmations de M. Monot, ce dernier ne s’est pas démonté, et a publié un nouvel article ou il écrit : « Au passage, ma réinformation aura eu le mérite de dévoiler au grand jour que cette carte et cette allocation sociale pour les migrants existent bel et bien ! En effet aucun média n’ayant réussi à prouver le contraire ! Les journalistes politisés prétendument »décodeurs » se contentant d’alléguer et d’apporter simplement des précisions insignifiantes sur les conditions à remplir pour bénéficier de cette carte.«
Les « précisions insignifiantes » en question sont les suivantes : pour arriver à un montant d’allocation de 40 euros par jour (1200€/mois), il faut être un couple de demandeurs d’asile avec… 8 enfants.
M. Monot indique aussi : « Le FN, lui, est pour aider les Français avant les étrangers », ce qui sous-entend que dans la même situation un Français touche une allocation moindre. Pourtant, le RSA pour un couple de 8 enfants s’élève à 2 247€.
Donc M. Monot ne semble pas connaître le montant du RSA, ce qui est pour le moins gênant venant du « stratégiste économique » du Front National. Mais cela indique qu’il est, au mieux, incompétent, au pire malhonnête. Ou les deux.
Tout ceci démontre bien que, contrairement à ce qui est dit, les aides aux migrants sont bien inférieures aux aides aux personnes défavorisées de nationalité française.