Depuis la polémique autour de l’Aquarius, refusé par l’Italie, le gouvernement communique beaucoup en tentant de faire passer la France pour un pays accueillant, qui « prend sa part » dans l’accueil européen. Cette communication est bien vérouillée, habile, mais très souvent particulièrement malhonnête, si on prends le temps de se pencher sur la réalité des chiffres.
Quelques exemples…
La réalité de l’immigration en Europe : cette année l’Italie a reçu 18 000 demandes d’asile, la France 26 000.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 15 juin 2018
Ce chiffre rejoint ce qu’à déclaré Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) : « L’Italie a délivré moins de titres de réfugiés que la France, 33 000, alors que nous c’était 40 000 ».
Que ce soit M. Macron ou M. Leschi, les chiffres avancés sont exacts, mais ne sont pas objectifs. Tel quel, ils laissent à penser que la France est un « bon élève » européen en terme d’accueil des demandeurs d’asile. C’est ce que tente d’affirmer Benjamin Griveaux quand il déclare :
La manipulation vient du fait que ces affirmations se basent sur des données très incomplètes, et ça n’est evidemment pas innocent. Regardons en détail les statistiques européennes de 2017, disponibles publiquement sur le site Eurostat.
Pour ne pas fausser les comparaisons, partons des 10 premiers pays d’accueil en Europe, c’est à dire ceux qui ont reçu plus de 15 000 demandes d’asiles. Si on s’en tient aux seuls chiffres dont parle gouvernement, en effet la France est « bien placée » en terme d’accueil :
Bien que très loin derrière l’Allemagne, nous sommes au 2e rang en terme de nombre de demandes d’asile déposées.
En terme de nombre de demandes d’asile accordées, nous sommes aussi au 2e rang :
Si l’on s’en tient aux 2 tableaux ci-dessus, comme le font M. Macron, Leschi et Griveaux, nous sommes en effet un pays qui « prend sa part » dans l’accueil des exilés. Mais pour être objectif, il ne faut pas prendre en compte le seul chiffre des demandes d’asile accordées, il faut le rapporter à la population du pays. Das ce cas, ni nous regardons le nombre de statut de réfugiés accordés par centaine d’habitant, nous redescendons à… la 7e position !
Et pour bien faire, il semble aussi nécessaire de prendre en compte le PIB du pays, et là, nous redescendons encore d’un rang, en 8e position :
Autre indicateur qui permet d’objectiver notre responsabilité dans l’accueil des demandeurs d’asile, le taux d’accord du statut de réfugié. Et là, nous redescendons… en dernière position :
Ce qui est assez révélateur sur l’objectivité et l’honnèteté de nos dirigeants, quand il ne se basent que sur les chiffres incomplets qui les arrangent, afin de faire croire que la France est un pays qui « prend sa part » dans la politique européenne d’accueil des exilés.
Bravo David pour ce travail qui apporte un très bon éclairage facile à comprendre et permet de remettre les choses à leur juste place.
Juste une petite remarque : pour les béotiens qui vont lire ses statistiques sur les réseaux sociaux, il faudrait une petite note pour expliquer les différents statuts que recouvrent les demandes d’asile accordées.
Les partisans du Brexit, comme leurs opposants, bataillent a coups de chiffres, offrant de tres indigestes arguments aux electeurs. Difficile de ne pas se laisser berner quand on manipule les statistiques economiques.